18 novembre 2008

Kant, Critique de la faculté de juger, critique de la faculté de juger téléologique, appendice (méthodologie), §87

Supposé donc qu'un homme se persuade, ébranlé en partie par la faiblesse de tous les arguments spéculatifs si vantés, en partie par les nombreuses irrégularités qui se présentent à lui dans la nature et dans le monde sensible, que Dieu n'existe pas ; il serait cependant à ses propres yeux un vaurien, si, pour cette raison, il voulait tenir les lois du devoir pour simplement imaginaires, sans valeur et n'obligeant à rien, et s'il voulait se résoudre à les transgresser sans crainte. Si par suite un tel homme pouvait se convaincre de ce dont il avait d'abord douté, il resterait encore avec une telle manière de penser un vaurien, même s'il remplissait son devoir aussi ponctuellement qu'on peut l'exiger d'après le résultat, mais soit par peur, soit en vue d'une récompense, sans la conviction d'honorer le devoir. Inversement, si, en tant que croyant, il lui obéit selon sa conscience avec sincérité et désintéressement, et si néanmoins, aussi souvent qu'il suppose le cas où il pourrait être convaincu qu'il n'y a pas de Dieu, il croit qu'il serait aussitôt libre de toute obligation morale, dès lors la conviction morale doit être bien faible en lui.