Je t'entends dire : "C'est toi qui me fais la leçon ; déjà, n'est-ce pas ? tu te l'es faite à toi-même, tu t'es corrigé ? Non, et c'est pourquoi tu as le temps de réformer les autres !" Je n'aurais pas l'audace, moi, un malade, d'entreprendre des cures. Couché dans la même infirmerie, je cause avec toi du mal qui nous est commun et je te passe mes recettes. Ecoute-moi donc comme si je me parlais à moi-même ; je t'ouvre ma vie secrète, et je te prends pour témoin dans les moments où je vérifie mes comptes intimes.
C'est moi qui me crie : "Calcule tes années : tu rougiras de vouloir les mêmes choses que tu voulais dans l'enfance, de viser aux mêmes satisfactions. Voici l'instant, aux approches du jour de la mort, de prendre envers toi-même cet engagement : que tes vices meurent avant toi. Donne congé à ces plaisirs tumultueux dont la rançon est toujours coûteuse. Avant leur venue, une fois passés, ils font du mal. L'inquiétude du crime, encore qu'on n'en ait pas surpris l'exécution, ne disparaît pas avec le crime même ; ainsi, les plaisirs déréglés laissent derrière eux un repentir. Ils ne sont ni solides ni fidèles : même s'ils ne font pas de mal, ils nous abandonnent. Cherche plutôt autour de toi un bien qui soit de durée ; or, il n'y en a point, sauf celui que l'âme tire d'elle-même. Le vertu seule garantit une joie constante et sûre. Si quelque obstacle survient, il en est comme des nuages qui glissent au bas du ciel sans éclipser le jour."
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