Vis caché afin de pouvoir vivre pour toi ! Vis en ignorant ce que ton siècle considère comme le plus important ! Place au moins la peau de trois siècles entre toi et aujourd'hui ! Et la clameur d'aujourd'hui, le vacarme des guerres et des révolutions doit être pour toi un murmure !
29 juillet 2006
26 juillet 2006
Nietzsche, Le gai savoir, IV, 278
La pensée de la mort. - Vivre au milieu de ce dédale de ruelles, de besoins, de voix suscite en moi un bonheur mélancolique : que de jouissance, d'impatience, de désir, que de vie assoiffée et d'ivresse de vivre se révèle ici à chaque instant ! Et pourtant tous ces êtres bruyants, vivants, assoiffés de vie plongeront bientôt dans un tel silence ! Comme chacun est suivi par son ombre, le sombre compagnon qu'il emmène avec lui ! Il en est toujours comme à l'ultime moment avant le départ d'un navire d'émigrants : on a plus de choses à se dire que jamais, l'heure presse, l'océan et son mutisme désolé attend, impatient, derrière tout ce bruit - si avide, si sûr de tenir sa proie. Et tous, tous pensent que le temps écoulé jusqu'alors n'est rien ou peu de chose, que le proche avenir est tout : d'où cette hâte, ces cris, cet étourdissement de soi-même, cette duperie de soi-même ! Chacun veut être le premier dans cet avenir, - et pourtant c'est la mort et le silence de mort qui est l'unique certitude et le lot commun à tous dans cet avenir ! Qu'il est étrange que cette unique certitude et ce lot commun n'aient presque aucun pouvoir sur les hommes et qu'ils soient à mille lieues de se sentir comme une confrérie de la mort ! Cela me rend heureux de voir que les hommes ne veulent absolument pas penser la pensée de la mort ! J'aimerais contribuer en quelque manière à leur rendre la pensée de la vie encore cent fois plus digne d'être pensée.
23 juillet 2006
Confucius, Entretiens, XI, 15
Le Maître dit : « Pourquoi la cithare de Lou est-elle chez moi ? » Les disciples de Confucius, ayant entendu ces paroles, conçurent du mépris pour Tzeu-Lou. Le Maître leur dit : « Lou est déjà monté à la salle ; mais il n'a pas encore pénétré dans la chambre. »
Tzeu-Lou était d'un caractère raide et impétueux. Les sons de sa cithare imitaient les cris que poussent les habitants des contrées septentrionales au milieu des combats et des massacres. Le Maître l'en reprit, en disant : « Dans mon école, le milieu juste et l'harmonie forment la base de l'enseignement. La cithare de Lou manque tout à fait d'harmonie. Pourquoi se fait-elle entendre chez moi ? » Les disciples de Confucius, ayant entendu ces paroles, ne témoignèrent plus aucune estime à Tzeu-Lou.
Le Maître, pour les tirer d'erreur, leur dit : « Tzeu-Lou, dans l'étude, a déjà atteint une région pure, spacieuse, élevée, lumineuse ; seulement, il n'a pas encore pénétré profondément dans les endroits les plus retirés et les plus secrets. Parce qu'il lui manque encore une chose, on ne doit pas le mépriser. »
Tzeu-Lou était d'un caractère raide et impétueux. Les sons de sa cithare imitaient les cris que poussent les habitants des contrées septentrionales au milieu des combats et des massacres. Le Maître l'en reprit, en disant : « Dans mon école, le milieu juste et l'harmonie forment la base de l'enseignement. La cithare de Lou manque tout à fait d'harmonie. Pourquoi se fait-elle entendre chez moi ? » Les disciples de Confucius, ayant entendu ces paroles, ne témoignèrent plus aucune estime à Tzeu-Lou.
Le Maître, pour les tirer d'erreur, leur dit : « Tzeu-Lou, dans l'étude, a déjà atteint une région pure, spacieuse, élevée, lumineuse ; seulement, il n'a pas encore pénétré profondément dans les endroits les plus retirés et les plus secrets. Parce qu'il lui manque encore une chose, on ne doit pas le mépriser. »
10 juillet 2006
Karl Marx, Salaire, prix et profit, 13
Le temps est le champ du développement humain. Un homme qui ne dispose d'aucun loisir, dont la vie tout entière, en dehors des simples interruptions purement physiques pour le sommeil, le repas, etc., est accaparée par son travail pour le capitaliste, est moins qu'une bête de somme. C'est une simple machine à produire de la richesse pour autrui, écrasée physiquement et abrutie intellectuellement.
08 juillet 2006
Proust, Sodome et Gomorrhe, II, 1
A n'importe quel moment que nous la considérions, notre âme totale n'a qu'une valeur presque fictive, malgré le nombreux bilan de ses richesses, car tantôt les unes, tantôt les autres sont indisponibles, qu'il s'agisse d'ailleurs de richesses effectives aussi bien que de celles de l'imagination, et pour moi par exemple, tout autant que de l'ancien nom de Guermantes, de celles combien plus graves, du souvenir vrai de ma grand-mère. Car aux troubles de la mémoire sont liés les intermittences du coeur.
01 juillet 2006
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, IV, 71
Pour ceux que la Volonté anime encore, ce qui reste après la suppression totale de la Volonté, c'est effectivement le néant. Mais, à l'inverse, pour ceux qui ont converti et aboli la Volonté, c'est notre monde actuel, ce monde si réel avec tous ses soleils et toutes ses voies lactées, qui est le néant.
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