Déchiffrée depuis un astre lointain, l'écriture majuscule de notre existence terrestre conduirait peut-être à la conclusion que la terre est véritablement l'astre ascétique, le coin des créatures mécontentes, prétentieuses et répugnantes, qui ne sauraient se défaire d'un profond dégoût de soi, de la terre et de toute vie, et qui se font à elles-mêmes tout le mal possible par plaisir de faire du mal : - vraisemblablement c'est là leur seul plaisir.
31 décembre 2006
30 décembre 2006
Pascal, Pensées, 472 (Le Guern)
On ne s'imagine Platon et Aristote qu'avec de grandes robes de pédants. C'étaient des gens honnêtes et comme les autres, riant avec leurs amis. Et quand ils se sont divertis à faire leurs lois et leurs politiques, ils l'ont fait en se jouant. C'était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie ; la plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement. S'ils ont écrit de politique, c'était comme pour régler un hôpital de fous. Et s'ils ont fait semblant d'en parler comme d'une grande chose, c'est qu'ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensent être rois et empereurs. Ils entrent dans leurs principes pour modérer leur folie au moins mal qu'il se peut.
(Brunschvicg 331)
(Brunschvicg 331)
13 décembre 2006
Confucius, Grande Etude, I, 2
Qui sait sur quoi se fonder aura de la détermination. Déterminé, il connaîtra la sérénité. Serein, il sera capable d'impartialité. Impartial, il sera susceptible de discernement. De son discernement dépend son succès.
10 décembre 2006
Lucrèce, De la nature, I, 958 sq.
Le Tout, donc, n'est fini en aucune direction.
Sinon, il devrait avoir une extrémité.
Or, une extrémité, nulle chose n'en possède
s'il n'est rien au-delà pour la délimiter
en montrant où notre vue cesse de la suivre.
Comme il faut admettre que hors de l'ensemble il n'est rien,
le Tout est sans extrémité, donc sans fin ni mesure.
Peu importe la position qu'on y occupe,
de tous côtés, à partir de chaque poste,
on laisse toujours l'univers infini.
Mais supposons l'univers comme un espace fini :
si quelqu'un courait jusqu'à ses rives extrêmes
pour lancer un javelot, veux-tu que, brandi avec force,
le trait s'envole au loin et qu'il atteigne son but,
ou penses-tu qu'un obstacle puisse l'arrêter ?
Oui, c'est l'un ou l'autre, il te faut choisir,
nulle échappatoire ni d'un côté ni de l'autre :
l'univers, tu dois l'admettre, s'ouvre à l'infini.
Soit qu'un obstacle, en effet, empêche le trait
d'arriver à son but et d'y fixer son terme,
soit qu'il vole en dehors, il n'est point parti de la fin.
Fixe n'importe où les confins de l'univers,
partout je te poursuivrai avec cette question :
eh bien, qu'en est-il de la flèche ?
Nulle part ne pourra s'établir une fin.
L'espace toujours fuyant toujours s'ouvre à la fuite.
[...]
Du reste, la nature interdit la mesure
à la somme des choses en forçant la matière
à se limiter par le vide, le vide par la matière.
Ainsi l'une et l'autre alternant font le Tout infini.
Et même un seul, sans la limite de l'autre,
par sa simple nature s'étendrait sans mesure.
Sinon, il devrait avoir une extrémité.
Or, une extrémité, nulle chose n'en possède
s'il n'est rien au-delà pour la délimiter
en montrant où notre vue cesse de la suivre.
Comme il faut admettre que hors de l'ensemble il n'est rien,
le Tout est sans extrémité, donc sans fin ni mesure.
Peu importe la position qu'on y occupe,
de tous côtés, à partir de chaque poste,
on laisse toujours l'univers infini.
Mais supposons l'univers comme un espace fini :
si quelqu'un courait jusqu'à ses rives extrêmes
pour lancer un javelot, veux-tu que, brandi avec force,
le trait s'envole au loin et qu'il atteigne son but,
ou penses-tu qu'un obstacle puisse l'arrêter ?
Oui, c'est l'un ou l'autre, il te faut choisir,
nulle échappatoire ni d'un côté ni de l'autre :
l'univers, tu dois l'admettre, s'ouvre à l'infini.
Soit qu'un obstacle, en effet, empêche le trait
d'arriver à son but et d'y fixer son terme,
soit qu'il vole en dehors, il n'est point parti de la fin.
Fixe n'importe où les confins de l'univers,
partout je te poursuivrai avec cette question :
eh bien, qu'en est-il de la flèche ?
Nulle part ne pourra s'établir une fin.
L'espace toujours fuyant toujours s'ouvre à la fuite.
[...]
Du reste, la nature interdit la mesure
à la somme des choses en forçant la matière
à se limiter par le vide, le vide par la matière.
Ainsi l'une et l'autre alternant font le Tout infini.
Et même un seul, sans la limite de l'autre,
par sa simple nature s'étendrait sans mesure.
03 décembre 2006
Rawls, Théorie de la justice, III, 7, §64
Une vie heureuse n'est pas une vie où l'on passe son temps à décider de faire ceci ou cela. [...] Il n'est pas inconcevable d'envisager un individu - ou même une société tout entière - parvenant au bonheur uniquement par une inclination spontanée. Avec beaucoup de chance, certains peuvent naturellement trouver le mode de vie exact qu'ils auraient adopté grâce à une délibération rationnelle. Pour la plupart, cependant, nous n'avons pas une telle chance et, si nous n'y réfléchissions pas, si nous ne prenions pas conscience de nous-même comme d'une seule personne à travers le temps, nous regretterions presque certainement nos actions. Même si nous réussissons à ne dépendre que de nos impulsions naturelles sans conséquences fâcheuses, nous avons tout de même besoin d'une conception du bien afin d'établir si ce résultat est ou non dû réellement à la chance. Nous pouvons le croire, mais les événements peuvent nous détromper ; et, pour régler cette question, nous devons examiner les choix hypothétiques qu'il aurait été rationnel de faire - tout en tenant compte des avantages qu'il y a à éviter de se poser la question !
01 décembre 2006
Malebranche, De la recherche de la vérité, III, 2, 9
Dieu est esprit, il pense, il veut : mais ne l'humanisons pas : il ne pense et ne veut pas comme nous.
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