03 décembre 2006

Rawls, Théorie de la justice, III, 7, §64

Une vie heureuse n'est pas une vie où l'on passe son temps à décider de faire ceci ou cela. [...] Il n'est pas inconcevable d'envisager un individu - ou même une société tout entière - parvenant au bonheur uniquement par une inclination spontanée. Avec beaucoup de chance, certains peuvent naturellement trouver le mode de vie exact qu'ils auraient adopté grâce à une délibération rationnelle. Pour la plupart, cependant, nous n'avons pas une telle chance et, si nous n'y réfléchissions pas, si nous ne prenions pas conscience de nous-même comme d'une seule personne à travers le temps, nous regretterions presque certainement nos actions. Même si nous réussissons à ne dépendre que de nos impulsions naturelles sans conséquences fâcheuses, nous avons tout de même besoin d'une conception du bien afin d'établir si ce résultat est ou non dû réellement à la chance. Nous pouvons le croire, mais les événements peuvent nous détromper ; et, pour régler cette question, nous devons examiner les choix hypothétiques qu'il aurait été rationnel de faire - tout en tenant compte des avantages qu'il y a à éviter de se poser la question !