17 janvier 2006

Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement, §3 (Appuhn)

A quelle sorte d'objet sommes-nous attachés par l'amour ? Pour un objet qui n'est pas aimé, il ne naîtra point de querelle ; nous serons sans tristesse s'il vient à périr, sans envie s'il tombe en la possession d'un autre ; sans crainte, sans haine, et, pour le dire d'un mot, sans trouble de l'âme ; toutes ces passions sont, au contraire, notre partage quand nous aimons de choses périssables, comme toutes celles dont nous venons de parler [sc. plaisirs, richesses, honneurs]. Mais l'amour allant à une chose éternelle et infinie repaît l'âme d'une joie pure, d'une joie exempte de toute tristesse ; bien grandement désirable et méritant qu'on le cherche de toutes ses forces. [...Toutefois,] si clairement en effet que mon esprit perçût ce qui précède, je ne pouvais encore me détacher entièrement des biens matériels, des plaisirs et de la gloire [qui ne sont pas méprisables, si mesurés, en tant que moyens de favoriser l'accès au bien grandement désirable].

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